Composée de syndicats, partis, associations et mouvements sociaux, une large alliance genevoise s’est constituée en comité référendaire pour combattre la réforme AVS 21. La variété des organisations engagées le démontre: la question des retraites cristallise de nombreux enjeux très urgents, que ce soit la crise climatique ou sociale. Pour beaucoup de personnes proches de la retraite, il s’agit de savoir si elles pourront – ou pas – joindre les deux bouts à la fin du mois.
Travailler jusqu’au tombeau, c’est non !
Augmenter l’âge de la retraite des femmes*, flexibiliser pour tout le monde le départ à la retraite jusqu’à 70 ans et augmenter la TVA ? Autant de mesures choquantes pour les femmes*, les travailleurs-euses précaires ou avec des parcours «atypiques» et celles et ceux qui exercent des métiers pénibles.
Les femmes* particulièrement pénalisées
AVS 21 impose une triple peine pour les femmes. Cette contre-réforme les force à travailler un an de plus pour la même rente, alors qu’elles prennent en charge la majorité du travail non rémunéré, en particulier les tâches éducatives et de soins, qu’elles reçoivent des salaires et des rentes inférieures à celle des hommes et qu’elles exercent le plus souvent les métiers les plus précaires et les plus mal rémunérés.
La précarité et la pénibilité invisibilisées
AVS 21 va contraindre des assuré·es qui souvent n’en peuvent plus bien avant 60 ans, à continuer un travail qui les use. AVS 21 leur vole des années de retraite dont elles et ils pourraient profiter en étant en bonne santé, au profit des plus riches qui vivent beaucoup plus longtemps et qui ne veulent pas débourser un centime de plus pour cette assurance sociale. L’espérance de vie et surtout la capacité d’arriver à l’âge de la retraite en bonne santé varient fortement selon la classe sociale à laquelle on appartient. Et lorsqu’on sait que les mauvaises conditions de travail ont un impact majeur sur la santé et sur la capacité de chacun·e d’arriver à la retraite, la flexibilisation de l’âge de la retraite jusqu’à 70 ans laisse songeur.
Une augmentation de la TVA antisociale
Alors que la Suisse n’a pas arrêté de faire des cadeaux fiscaux aux plus riches, lorsqu’il s’agit des retraites, nos dirigeants veulent nous presser comme des citrons! Augmenter la TVA pèse bien plus lourdement dans les finances des personnes à bas revenu qu’elle le fait pour les plus fortunées. Le comité référendaire dénonce et s’oppose fermement à ce creusement d’inégalités.
Les générations solidaires contre AVS 21
Alors que l’impact d’AVS 21 sur les travailleurs-euses proches de l’âge de la retraite est plus tangible, les conséquences de cette réforme pour les jeunes n’est de loin pas moins catastrophique. Non seulement les jeunes personnes font aujourd’hui d’avantage face à des périodes de chômage de longue durée, mais elles sont également confrontées à la flexibilisation de l’emploi, avec des contrats de plus en plus précaires. Les cotisations s’en retrouvent diminuées ce qui aura pour conséquence une baisse de leurs rentes, qu’AVS 21 et les autres attaques sur nos rentes ne feraient qu’accentuer.
Face à un grave manque de vision d’avenir, ensemble pour des retraites dignes et durables
Alors que 13,6% des personnes à l’âge de la retraite vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté, la majorité de droite et le Conseil fédéral restent sourds aux mobilisations féministes et syndicales qui font des retraites dignes un de leurs thèmes-phare, et aux revendications des jeunes organisé·e·s pour la justice climatique, et préfèrent jouer la carte de la division des générations et des classes populaires.
Renforcer l’AVS en luttant contre les inégalités
Il est incontestable que les rentes AVS doivent être augmentées afin que l’AVS couvre les besoins vitaux de manière appropriée, tel que le prévoit d’ailleurs notre constitution. L’AVS doit donc être renforcée. Des solutions ambitieuses et socialement justes pour renforcer l’AVS, il y en a à foison et elles ont largement été exposées. Il est temps par exemple d’interroger un système qui ne prélève ses cotisations que sur le travail. Les revenus du capital ont explosé au cours des dernières décennies et il ne serait pas inutile de les mettre à contribution. Des salaires justes, y compris l’égalité salariale entre femmes et hommes permettraient également une meilleure contribution à l’AVS.
Pour des retraites durables
D’un point de vue écologique, c’est également le renforcement de l’AVS qui permettrait d’aller vers un système de retraites plus écologique que le système actuel, où les caisses de pension investissement massivement dans les énergies fossiles ou l’immobilier. En démantelant le 1er pilier tel que le prévoit la réforme AVS21, les 2ème et 3ème piliers gagneraient en importance, alors qu’il faut absolument freiner la logique de capitalisation qui mise sur la croissance économique au dépens de la planète.
Organisé·e·x·s pour les luttes à venir
La majorité parlementaire affiche son mépris des mobilisations féministes, climatiques et syndicales, et de la forte opposition des salarié·e·s manifestée notamment par les plus de 300 000 signatures de la pétition « Pas touche aux rentes des femmes ! ». Elle tente de forcer le passage après les refus en votation populaire, en 2004 sur la 11e révision de l’AVS et en 2017 sur la Prévoyance 2020, qui contenaient déjà les éléments antisociaux repris par la droite et le Conseil fédéral dans AVS 21.
Contre PV2020 déjà, des comités larges s’étaient formés localement et ont mené la bataille jusqu’à la victoire populaire et féministe que fut la déroute du projet. Combattre une nouvelle fois, dans la rue et dans les urnes, une réforme des retraites antisociale sera également importante pour bloquer les réformes futures, à savoir LPP 21 et l’initiative PLR pour la retraite à 66 ans.
C’est pourquoi le comité référendaire local appelle la population genevoise à signer massivement ce référendum, dont près de 30’000 signatures ont déjà été annoncées au niveau national. Car au-delà de l’aboutissement de ce référendum, ce sont également les luttes futures que chaque signature prépare.
POURQUOI COMBATTRE AVS 21?
Marlene Carvalhosa Barbosa, CGAS: « Le comité genevois AVS 21 Non appelle la population à signer massivement ce référendum, car au-delà de son aboutissement, ce sont également les luttes futures que chaque signature prépare. »
Claire Martenot, Grève féministe: « A travail égal, les femmes touchent des salaires en moyenne 19% plus bas que les hommes, elles assument gratuitement la majorité du travail domestique, éducatif et des soins, et on veut encore économiser 10 milliards sur leur dos? NON à AVS 21! »
Anne Fritz, SIT: « La pénibilité du travail des femmes est réelle, mais invisibilisée. Dans les métiers typiquement féminins, le port de charges lourdes, les gestes répétitifs, les mauvaises postures et des cadences infernales abîment le corps et rendent malade, souvent bien avant l’âge de la retraite. Il est inacceptable qu’AVS21 contraigne les travailleuses à faire le choix entre préserver un minimum leur santé ou toucher une rente complète. »
Francesca Marchesini, SPG: « Depuis plusieurs années, la SPG demande au DIP que le temps partiel des enseignantes soit vraiment respecté, et ce encore plus particulièrement à l’OMP, mais le DIP esquive systématiquement cette discussion. Tant que les temps partiels ne seront pas respectés, la SPG s’opposera fermement à toute réforme qui pénalise davantage encore les femmes dans une société qui est toujours particulièrement inégalitaire. »
Anna Gabriel Sabaté, Unia: « L’espérance de vie et surtout la capacité d’arriver à l’âge de la retraite en bonne santé varient fortement selon la classe sociale à laquelle on appartient. Cette réforme AVS est une péjoration pour les femmes, mais ce n’est que la première tranche d’autres reformes et initiatives qui constituent une attaque frontal aux conditions de travail et de vie de l’ensemble de salari-é-es. »
Christian Dandrès, PS Genève: « Beaucoup de salarié-es peinent à atteindre la retraite, parce qu’elles n’en peuvent plus ou qu’elles se retrouvent au chômage vers 55 ans et ne retrouvent plus de travail. AVS 21 méprise cette réalité sociale. »
Ueli Leuenberger, Avivo Genève: « Ce n’est pas, parce qu’on est déjà à la retraite et pas directement touché par cette mesure qu’on ne sent pas concerné ! Nous ne sommes pas dupes pour ne pas voir que cette contre-réforme s’inscrit dans une dynamique qui tente de repousser l’âge de la retraite pour tout le monde. »
Delphine Klopfenstein Broggini, Vert-e-s genevois-e-s: « Le relèvement de l’âge de la retraite uniquement pour les femmes n’est qu’un début, d’autres offensives sont déjà prêtes alors que nous devrions, au contraire, reconsidérer la place du travail dans nos sociétés et mettre en cause le productivisme effréné. »
Fanny Girardet, Grève du climat Genève: « Détruire la planète pour financer sa retraite ? Non. Les caisses de pension investissent massivement dans les énergies fossiles ou l’immobilier, avec des conséquences désastreuses pour l’environnement. Renforcer l’AVS permettrait d’aller vers un système de retraites plus écologique, favorisant la redistribution des richesses plutôt que misant à tout prix sur la croissance économique au dépens de la planète. »
Françoise Nyffeler, solidaritéS : « Parce qu’AVS21 creuse les inégalités ! La réforme repose sur le dos des femmes en augmentant l’âge de la retraite et s’en prend aux bas salaires avec la hausse de la TVA, qui est un impôt déguisé particulièrement antisocial ! Pour un système de retraites social et égalitaire ! Vers la fusion des 1ers et 2èmes piliers ! »
Stefania Prezioso Batou, Ensemble à Gauche – National: « L’AVS est un système de retraite solidaire et sûr, contrairement au 2e pilier qui pénalise de plus en plus les femmes et les bas salaires. Je défends l’intégration du 2e pilier à l’AVS qui garantirait une augmentation substantielle des pensions pour tous les retraités actuels et futurs. »
Natasha Mieville, SSP: « Les femmes assument majoritairement le travail domestique, éducatif et de soins, et c’est l’une des raisons pour laquelle elles sont régulièrement soumises à travailler à temps partiel. Celles souhaitant une carrière professionnelle et ne désirant pas être à temps partiel doivent faire appel à d’autres femmes pour garantir « un care familial et flexible ». La fonction publique est sensée offrir ce service, avec les crèches par exemple. Cependant, en raison des coupes budgétaires régulières les services publics n’arrivent plus à assurer suffisamment ses rôles. Pour combler ce manque, les femmes travaillent à temps partiel et les plus aisées font donc appel aux travailleuses pauvres, généralement issues de l’immigration, et cela affaiblit leurs conditions d’emploi et de travail. Ce mécanisme renforce donc la reproduction des inégalités. »